dimanche 13 décembre 2009
BK-One "Tema do canibal"
Les voyages forment l'imaginaire, et favorisent parfois l'inspiration. Les exemples sont légions : les Beatles en Inde en 1968, Gainsbourg en Jamaïque, ou dans une autre mesure les Rolling Stones en France à Villefranche-sur-Mer en 1972 où ils enregistrent le classique Exile On Main Street…On pourrait continuer longtemps comme ça, mais ce qui est certain, c'est que l'éloignement du pays natal amène quelque fois à la réalisation de soi, et à une forme de quête plus ou moins consciente. Nombreux sont les musiciens qui ont fait cette expérience à l'étranger pour en revenir avec quelque chose de nouveau qui donnera une impulsion à la prochaine création.
Pour BKOne (illustre DJ de Brother Ali entre autres) c'est en Amérique latine que l'inspiration s'est faite sentir, notamment lors de son séjour prolongé au Brésil. La culture latino américaine dont la musique principalement, a eu un impact extrêmement fort sur le DJ/Producteur d'où le titre Rádio do Canibal de son premier opus, en référence au « Cannibal Manifesto » du poète José Oswald de Andrade Souza, père du modernisme brésilien à la fin des années 1920. C'est proche de l'état d'esprit du duo Mario et Oswald de Andrade, que BK One et Benzilla se sont attelés à la production de cet opus à la pochette psychédélique typiquement brésilienne.
Si Rádio do Canibal bénéficie d'une approche originale, sa richesse réside aussi sur une palette d'invités de renom tels que Brother Ali, KRS One, Phonte, Black Thought, Raekwon, Murs, Scarface etc. Peu d'albums peuvent s'enorgueillir d'un tel luxe ! Comme on peut s'en douter, l'opus est garni de samples de bossa nova, de fado ou de funk brésilien, qui lui confèrent une dimension toute particulière. Ainsi, de nombreux titres illustrent parfaitement cette approche comme « Mega », « Face It », ou encore le carnavalesque « Tema Do Canibal ».
La décontraction latino amène un son très laid back proche de la West Coast où s'y déploie un hédonisme affirmé (« Here I Am », « Face It », « Blue Balls »). Les deux producteurs jouent aussi sur les lignes de basse notamment sur un « Philly Boy » scandé à merveille par Black Thought et qui dans sa deuxième partie fait état d'une suave envolée instrumentale au dessus de la statue du Christ Rédempteur perché sur le Corcovado. En outre, l'album semble être contaminé par la fièvre funky do Brasil. En témoignent des titres comme «Gititit » et « Eighteen To Twenty-one ».
En revanche, d'autres morceaux affichent une autre couleur certes un peu moins chaude mais ô combien appréciable, d'autant plus que certains rappeurs viennent contribuer à la réussite comme Raekwon sur « The True », P.O.S sur « A Day's Work » ainsi que Brother Ali et Scarface sur « American Nightmare ».
Dans l'ensemble, Rádio do Canibal s'avère être une réussite qui sort de l'ordinaire sans non plus atteindre des sommets d'originalité. La cohérence est de rigueur, la thématique respectée, même si on aurait aimé que les producteurs jouent encore plus à fond la carte brésilienne. Après avoir entendu le "Tema do Canibal", je m'attendais quand même à des sonorités plus latines...
à écouter tout de même, ça reste du bon...
Myspace Bk-One
BK-One feat Hypnotic Brass Ensemble "Tema do canibal"
BK-One feat Murs "Eighteen to twenty one"
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